mariage sera toujours traitée suivant les habitudes des intéressés. Un être d’un individualisme qui s’impose répondra à la question comme le fait Rochester — comme le font Cléopâtre, Milton, George Sand — grandissant l’exception à la hauteur d’une règle, réduisant la société à l’état d’exception. Un être de moins de courage, c’est-à-dire de moindre personnalité, répondra comme le fait l’héroïne — en cédant au sort, aux conventions, à la condition et aux habitudes actuelles des hommes et des femmes.
En général, nous lisons des romans par amour du succès. Nous admirons les parcs, les beautés de haute naissance, et les hommages des salons et des Parlements. Ils nous rendent sceptiques, en donnant la prééminence à la richesse et à la position sociale.
Je me rappelle le jour où certains yeux observateurs de jeunes garçons découvrirent que les oranges qui pendaient aux branches d’un oranger sur une gaie « piazza » étaient attachés à la queue par un fil. Je crains qu’il n’en soit de même pour les succès qu’on voit dans les romans. La Nature a un procédé magique par lequel elle adapte l’individu à son destin, en en faisant un fruit de son caractère. Mais le romancier cueille cet événement-ci et cet avantage-là, et les attache inconsidérément à ses personnages, pour gratifier l’imagination de ses lecteurs d’un succès qui la rassasie, ou les épouvanter de coups dramatiques. Et ainsi, dans l’ensemble, c’est une jonglerie. Nous sommes induits au rire ou à l’étonnement par des exploits qui ne sont qu’une combinaison bizarre des actes que nous faisons tous les jours. Il n’y a pas d’éléments nouveaux, pas de puissance, pas de progrès. Ce n’est qu’une chose fabriquée,