qu’ils ont ainsi embelli n’avait aucune valeur, ou qu’il savait déjà tout ce qu’ils lui ont dit, et plus encore. Il ne voit pas qu’on l’ait muni d’une idée ou d’un principe, d’un fait résistant, d’une impulsion qui s’impose : l’éblouissement a été grand, mais le profit, médiocre. Il utilise les occasions, il recherche la compagnie de ceux qui ont un talent sociable. Mais dès qu’ils se rencontrent, ils commencent à coup sûr à être autres qu’ils n’étaient ; sous l’empire de certain préjugé d’après lequel il faut de l’entrain, de l’animation, ils se font des niches, dansent des gigues, se précipitent l’un sur l’autre, font des calembours, essaient nombre de tours fantastiques — et ils tuent immédiatement la conversation. Je connais bien la simplicité rustique du timide solitaire. Sans doute, il n’a pas assez d’indulgence pour les hommes de constitution et d’habitudes plus actives. Mais ce n’est que sur le terrain naturel que la conversation peut être riche. Elle ne doit pas commencer dans le vacarme et la violence. Qu’elle ne perde pas pied, qu’elle reste en contact avec la pile galvanique. Les hommes ne doivent pas s’éloigner de leur centre.
Il est des gens qui n’aiment causer que là où ils sont maîtres. Ils aiment s’adresser aux écolières ou aux jeunes garçons, aller dans les boutiques où les badauds prêtent volontiers l’oreille à n’importe qui. En ces conditions, ils donnent des informations, et se plaisent à des traits d’esprit et à un bavardage que les flâneurs admirent ; et ces discoureurs se sentent pleins d’entrain et à l’aise, car ils peuvent s’en aller sans cérémonie, quand il leur plaît. Ils vont rarement à leurs égaux ; et quand ils le font, ils semblent y