désire pas toujours s’épuiser l’esprit : il a besoin de bavardage. L’habit noir n’est une société agréable que pour l’habit noir ; mais quand les manufacturiers, les marchands, les capitaines de navire se rencontrent, voyez combien de choses ils ont à se dire, et comme la conversation dure longtemps ! Ils sont venus de maintes régions, ils ont traversé d’immenses pays ; chacun connaît son métier et les habiles artisans de sa profession ; ils ont vu les meilleurs hommes et les pires. Leur savoir contredit sur bien des points l’opinion populaire et la vôtre. Il est des choses que vous imaginez mauvaises, qu’ils savent bonnes et utiles ; des choses que vous mettez au nombre des superstitions, qu’ils savent vraies. Ils ont trouvé de la vertu dans les demeures les plus étranges ; et dans leur riche fonds d’aventures, il est des cas et des exemples que vous avez cherchés en vain pendant des années, et qu’ils vous offrent soudainement, à leur insu.
Je me souviens à cet égard d’une expérience sociale où il se trouva que chacun des membres pensait avoir besoin de société, mais n’être pas lui-même présentable. À l’épreuve, ils découvrirent tous que chacun pouvait tolérer les autres, et en être toléré. Il y a plus : la tendance à l’extrême respect de soi-même qui avait fait hésiter à se réunir était en voie de se tourner rapidement en une vulgaire admiration mutuelle, quand le Club fut dissous par de nouveaux arrangements.
L’utilité des réceptions du Club a à peine besoin d’explication. Les gens se détendent et deviennent sociables à table ; je me souviens que, dans une ville du Sud, on m’a expliqué qu’il était impossible de met-