les vieux politiciens radoteurs et à demi morts, dont la trompette de la résurrection ne pourrait réveiller le cœur.
Ce qui fait le charme des courages supérieurs, c’est qu’ils sont des inventions, des inspirations, des éclairs du génie. Le héros n’aurait pu accomplir son exploit à une autre heure, en une disposition d’esprit moins élevée. La manifestation la plus haute du merveilleux génie de la Grèce a été sa première manifestation ; elle n’est pas dans les statues du Parthénon, mais dans l’instinct qui, aux Thermopyles, tint l’Asie en respect, chassa l’Asie de l’Europe — empêcha l’Asie avec ses vieux usages et son esclavage enraciné, de corrompre les expériences et l’aube nouvelle de l’Occident. Les statues, l’architecture, ont été les créations plus tardives et inférieures de ce même génie. En face de cette heure de l’histoire, nous reconnaissons un instinct prophétique meilleur que la sagesse. Napoléon disait avec raison : « Ma main est immédiatement reliée à ma tête » ; mais le courage sacré est relié au cœur. L’esprit n’est qu’une moitié, une portion, tant qu’il n’est pas élargi et inspiré par le sentiment moral. Car ce ne sont pas les ressources où nous puisons, la santé, la richesse, le savoir-faire pratique ou le talent adroit, la multitude des disciples qui comptent, mais seulement les fins. Les fins réagissent sur les moyens. Une fin supérieure agrandit les moyens. L’eau et la farine qui sont la ration des enfants perdus qui risquent leur vie pour défendre le défilé sont aussi sacrées que le Saint Graal ou, si l’on avait des yeux qui pénètrent la combinaison chimique, que le combustible qui se précipite pour alimenter le soleil.