Dans les monts de Californie
C’était un vaillant chasseur :
Ses yeux perçants, sa main hardie,
Étaient du plus sûr tireur.
Un enfant indien sur ses traces
Marchait toujours pas à pas,
Heureux d’avoir part à ses chasses,
D’avoir sa part des repas.
Et lorsque, grâce à son adresse,
On voyait les oiseaux tomber,
Avec un élan d’allégresse,
L’enfant accourait l’aider.
Un jour, par une route étroite,
Resserrée aux flancs du mont,
Fermée à gauche et close à droite,
Ils allaient péniblement,
Quand, soudain, un couple sauvage
D’ours excités par la faim,
Bondissant furieux, pleins de rage,
Se dressent sur le chemin.
Le garçon, l’épouvante en l’âme,
Se sauve en poussant un cri ;
Mais l’un des ours, les yeux en flamme,
Court vers l’enfant qui s’enfuit.
N’ayant qu’une seule cartouche,
Le chasseur, tranquillement,
Épaule son fusil, et touche
L’ours qui poursuivait l’enfant.
Mais l’autre, avec des pas rapides,
S’avance sur Nidiver :
Le chasseur reste les mains vides
Devant l’ours terrible et fier.
Lui, le chasseur est sans défense.
Contre ces grands bras velus,
Bâton, fusil, ont l’impuissance
Qu’auraient de simples fétus.
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