LA VIE DOMESTIQUE
En ce qui concerne les enfants, on s’accorde aisément à reconnaître l’excellence de la Providence. La puissance qui prend soin de protéger la semence de l’arbre sous une cosse épaisse et une gaine pierreuse, donne à la plante humaine le sein de la mère et la maison du père. La taille du poussin est plaisante, et sa faiblesse touchante et délicate est parfaitement compensée par le regard protecteur de la mère, qui est pour lui une sorte de Providence à laquelle il peut se fier pleinement. Bienvenu pour les parents est ce petit lutteur, fort dans sa faiblesse, avec ses petits bras plus irrésistibles que ceux du soldat, ses lèvres douées d’une persuasion que Chatham et Périclès à l’âge d’homme n’ont jamais possédée. Ses franches lamentations quand il élève la voix au diapason aigu, ou — spectacle plus prenant — quand il sanglote, le visage ruisselant de larmes, et essaie d’avaler sa mortification, ouvrent tous les cœurs à la pitié, et à une joyeuse et bruyante compassion. Le petit despote demande si peu que toute la raison et la nature sont de son côté. Son ignorance a plus de charme que toute la science, et ses petites transgressions sont plus captivantes que n’importe quelle