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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/139

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DOUCES AMIES

de moi, puis me tendant une assiette de desserts, elle me dit en riant…

— Mais celle-ci, soutiendrez-vous que c’est aussi du patriotisme ?

Au centre, l’épée et la crosse indiquaient bien clairement l’époque de la faïence. Mais à droite et à gauche des emblèmes, se tenaient un chien et un chat ; au-dessous on lisait cette inscription naïve :

Pran garde au chat !

Le chien dressé sur ses pattes semble prêt à s’élancer sur le chat. Celui-ci, accroupi, paraît dormir ; mais on devine qu’il veille, prêt à bondir sur son éternel ennemi, pour le meurtrir Sans doute… Il sera le plus fort.

— Eh bien, parlez, murmura la jeune femme.

— Je suis navré de vous contredire, madame, car vous ne voyez là, évidemment, qu’une plaisanterie… Mais, je vous l’affirme, c’est encore une allégorie révolutionnaire. Cette assiette est connue de tous les collectionneurs et citée dans tous les catalogues. Elle se vend, ordinairement, de cent à cent cinquante francs aux ventes de l’Hôtel Drouot.

J’étais absurde. Je le sentais. Je me troublais. Je tremblais. Je rougissais. Le sourire moqueur