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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/147

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DOUCES AMIES

elles tuent. Soyons plutôt des amis tendres, heureux de se voir, ravis de s’embrasser.

Elle me livrait sa bouche. Sa gorge pantelait, tumultueuse, frémissante ; et je sentais la douce empreinte de ses seins qui bondissaient sur ma poitrine…

— Et puis, me dit-elle, je ne te croirai pas si tu me dis encore que tu m’aimes passionnément… Tu me connais depuis huit jours à peine, tu ne sais pas même qui je suis… Aujourd’hui, c’est le printemps, je te plais, tu me désires, tu veux cueillir une grappe de plaisir ! Demain, j’en suis bien sûre, tu m’auras oubliée…

— Marcelle je t’adore, passionnément, éperdument !…

Soudain, la tristesse de ses grands yeux s’effaça… Je vis luire dans l’azur qui déjà s’assombrissait sous la chute des paupières, une tendresse, une volupté, une menace, une moquerie.

Elle se leva, prit une ombrelle :

Sa voix douce murmura :

— Venez voir mon Éden.