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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/169

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DOUCES AMIES

fondre en toi, ne plus jamais se détacher… Et ta bouche, encore, donne-la moi… Ah ! ces passants, comme ils m’ennuient. Sont-ils assez stupides. Je n’ose pas t’embrasser comme je voudrais, follement… Désertons ce bois envahi par les promeneurs, allons loin, sur les routes désertes, vers des bois solitaires…

Le cocher nous emmena vers Suresnes, traversa les collines de Saint-Cloud et de Sèvres. Marcelle avait fait lever la capote de la voiture : Nous nous étions enlacés sous cet illusoire abri. Le cocher, impassible, nous promena ainsi jusqu’au soir sur les routes poudreuses.

Puis ce fut une dînette d’amoureux chez Ledoyen, dans la grande salle. Nous ne parlions guère ; nos yeux se souriaient et sur la nappe nos mains s’entrelaçaient à chaque instant. Nous n’avions pas faim ; un émoi très intense nous alanguissait, et nous buvions du Champagne pour dissiper ce trouble, acquérir un peu de courage.

Puis, lentement, durant quelques instants, nous allâmes nous perdre dans l’ombre des Champs-Élysées. Et, brusquement, une rafale de passion souffla. Nos bouches s’étaient unies… Nos corps tumultueux se cherchaient, se brûlaient sous l’écorce des costumes…

Sans prononcer un mot, nous nous jetâmes