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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/275

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DOUCES AMIES

de médecin m’a déclaré, avec un air ironique, méprisant, que ma petite amie a besoin d’un repos absolu, au point de vue de l’amour. J’ai rencontré cet individu chez Riquette. Sa tenue plus qu’inconvenante avait provoqué une explosion de colère que je n’avais pu maîtriser : « T’es bête, coco, t’es gâteux ! s’était écriée, en riant, mon amie. Tu te fâches parce que monsieur me tripote, et tu crois qu’il me pelote ! Eh bien ! c’est mon médecin. Il m’examine. »

Et lui, le gredin, avait riposté par cette interdiction de toute joie ; il m’avait rejeté à la porte de mon paradis.

Je ne suis pas un de ces vieux-jeunes crédules et vaniteux comme j’en connais tant, qui acceptent par orgueil et bêtise à la fois toutes les histoires que leur racontent leurs maîtresses.

Cette aventure me semblait une grossière comédie. Aussi, ne voulant pas être dupe, je me suis renseigné. Il est absolument certain que cet homme, que j’ai pris pour un rival, est réellement un docteur-médecin. Il est marié, père de famille et jouit d’une haute considération.

Je m’étais donc trompé. Cette fois encore, ma jalousie fut absurde, imaginaire.

… Mais voici que maintenant je suis jaloux de ces milliers d’inconnus, d’êtres anonymes qui,