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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/285

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DOUCES AMIES

Que faire, maintenant ?… Rompre définitivement, irrévocablement. Arracher de mon cœur cet exécrable amour. Chercher une nouvelle tendresse. Voilà ce que me suggéraient la sagesse et la raison…

Mais, à la pensée que tout serait fini, que jamais plus je ne tiendrais Riquette enserrée dans mes bras, tout mon courage s’effondrait. Et peu à peu, la lâcheté me gagnait, le pardon s’imposait…

Le pardon ?… Non, la veulerie, la comédie honteuse du partage, la promiscuité… Si je laissais entendre à Riquette que je connaissais sa liaison avec l’acrobate, peut être se fâcherait-elle, me jetterait-elle à la porte, sans pitié, comme un chien… Donc, je reviendrais devant elle, résigné, souriant, et ne lui demandant plus rien, que la seule grâce de me supporter encore quelquefois, de me faire toujours l’offrande délicieuse, enchanteresse, de sa beauté…

Et bientôt, presque consolé, je reconnus que tout ce qui m’arrivait était logique, naturel ; que mon malheur n’avait rien de rare ni de tragique, et qu’il était commun à tous ceux qui s’obstinent à aimer encore, quand l’heure de remiser est venue.

Quelques jours plus tard, à propos d’un événement politique sans importance, j’eus une dis-