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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/299

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DOUCES AMIES

dit qui me pourrirait… C’est fini, vous disais-je, je ne la verrai plus, je le jure, je le jure !…

— Serments d’amoureux !…

— Non, monsieur, serment d’homme qui ne veut tolérer aucune souillure, et qui mourrait plutôt que d’accepter la honte d’un pareil amour.

Sa voix était ferme ; son regard énergique. Je sentis que cet enfant serait courageux, qu’il tiendrait son serment. Il l’a tenu en effet. Jamais plus, Riquette ne l’a revu ; elle l’aimait assurément… Pour le revoir, j’ai appris qu’elle avait fait de violentes tentatives : elles furent toutes inutiles…

Pourquoi n’avais-je pas la même force ? Pourquoi subissais-je chaque jour les injures, les affronts et les hontes ?… Ah, oui, l’acrobate avait raison. Je suis un vieux gâteux… une ruine… une loque… sans volonté, sans dignité, et qui retourne sans cesse à son vomissement…

Un enfant me donnait une leçon de courage…

Niais c’était son premier amour qu’il sacrifiait… À vingt ans, on fauche, virilement, la passion mauvaise qui pourrait vous corrompre et vous perdre…

À cinquante ans, on ne peut abandonner le dernier amour qui fleurit la vie, avec cette belle et farouche décision… On veut exprimer jusqu’à