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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/304

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DOUCES AMIES

on se contente de vivre. Et l’on est égoïste : on a cette force ! On veut son plaisir, à soi : on cherche son propre bonheur. La femme, alors, est un bel instrument, on la traite en machine. Si elle nous fait souffrir, on la jette hors de son cœur. Hé ! va-t’en, garce ! Il y a d’autres catins pour m’amuser ! Je ne suis pas une poire…

Une poire ! Oui, oui, je suis une poire. La femme prend sa revanche, quand elle rencontre des imbéciles, des naïfs, des idiots. Elle a raison. C’est ainsi qu’elle a créé, et qu’elle refait chaque jour la légende de sa royauté, de sa souveraineté…

Elle règne sur les poires !…

Ah ! comme elle abuse de sa grotesque domination, l’ignoble petite reine ! Elle a pour ministres l’avilissement, l’abrutissement, l’anéantissement. Elle se plaît à salir, à maculer ses sujets. Ohé ! les poires, résignez-vous ; c’est bon, n’est-ce pas, de pourrir, de sommeiller sur vos fumiers ?…

Peu à peu, la colère entre en moi : son souffle viril nettoie mon cœur. C’est aujourd’hui, vraiment, que je rajeunis, qu’un peu de mâle et belle force me secoue, enfin !

La seule solution possible, c’est la rupture…

Une rupture sans phrases, définitive.

Et j’écris à Riquette une lettre, une trop longue