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DOUCES AMIES

l’ennemie, et dissous son fantôme dans mon bain de baisers !…

IX

Mon amour, chère Suze, est une plante vivace, et sa tige chaque jour se décore d’une nouvelle floraison…

Oh ! les admirables corolles, aujourd’hui épanouies ! Celles qui resplendiront demain auront-elles ce charme et cet éblouissement ?

Suze très aimée, Suze très jolie, Suze très exquise, à cette heure de nuit, enclos dans l’ombre et le silence, je redis encore les litanies que mes lèvres ferventes vous murmuraient. Et ma chambre est toute emplie d’un parfum mystique, parfum de notre amour, plante robuste, triomphalement dressée dans le parc de notre vie, vêtue de fleurs, de fleurs, de fleurs…

Je revis minute par minute, immobilisant ainsi la durée, les heures frissonnantes de notre après-midi.

Je vous aperçois encore, de très loin, parmi la foule du Palais-Royal où vous étiez allée m’attendre. Oui, mes yeux vous avaient reconnue,