Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
DOUCES AMIES

Elle se pencha sur moi, les yeux fermés…

— Je ne suis plus fâchée… Je t’aime, je t’aime, je t’aime !

Jamais encore, ce cri d’amour n’avait eu, sur ses lèvres, cet accent de passion absolue et violente.

— Lentement, elle se souleva, puis retombant sur mes genoux.

— Berce-moi, câline-moi, comme si tu m’endormais… Je veux rêver que nous partons, pour un lointain voyage, que nous nous enfuyons vers des pays de songe, où nous vivrons éternellement, en nous chérissant. Que les baisers légers frôlent à peine mes cheveux et mes yeux demi-clos. Ah ! je suis bien ici, tu me trouves lourde, n’est-ce pas. Garde-moi, tout de même ; il me semble que je m’enfonce en toi, que nous nous mêlons mieux ainsi.

Ses bras nus s’enroulaient aux miens, sa tête pesait sur ma poitrine, je buvais son parfum aux ondes de ses cheveux.

— Je dors, tu sais, me dit-elle…

Ma bouche maintenant, scellait ses paupières ; il me semblait que ses yeux cependant me souriaient toujours.

J’atteignis ses lèvres…

Je savourai alors leur goût suave et irritant. Aucune fraise de printemps ne recèle en ses