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DOUCES AMIES

la hâte. Puis revenant à moi, m’enlaçant encore, me couvrant de baisers…

— Oh ! mon chéri, oh ! mon chéri, il faut que je te quitte… je n’en ai pas la force… Je t’aime, je t’aime trop…

— Eh bien, m’écriai-je, reste, reste, mon amour, ma bien-aimée, ma femme !… Vivons toujours unis !… Je t’en prie ! Je t’en prie ! Jamais encore je n’ai osé te demander d’être à moi, toute à moi, à moi seul, mon amour !… Mais vois… nous nous aimons trop désormais pour nous séparer… Parle, parle… dis-moi que tu ne t’en vas plus…

Un instant, je crus qu’elle allait accepter. Mais elle se leva, m’enveloppa dans un long regard triste et balbutia :

— Non, non… je ne peux pas… je ne peux pas. Farouche, elle se jeta sur moi. Sa bouche me brûla. Ses dents imprimèrent dans mes lèvres une morsure cruelle. Je poussai un cri. Déjà Suze s’était enfuie. Elle me criait : adieu ! Je courus pour la ressaisir. Il était trop tard. À cette minute j’eus le pressentiment obscur qu’un malheur planait sur nous.

Les jours suivants j’attendis une lettre. Mais les jours se passèrent, les semaines, les mois…