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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/114

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VIERGES EN FLEUR

superbe, domine les cent baies de la côte déchiquetée et les plaines d’ajoncs semées de rocs immenses. Un cloître aux lourds piliers de granit rose s’ouvre en face des golfes et de leurs archipels : c’est là que les baigneurs, après les repas, se réunissent pour les bavardages, préparent les excursions aux villages voisins, à l’église miraculeuse de Notre-Dame-de-la-Clarté, au sémaphore de Ploumanach, aux plages de Perros-Guirec.

Philbert y retrouva l’abbé Le Manach.

— Eh bien ? Commencez-vous à lire dans la chère âme ? interrogea le prêtre. N’avez-vous pas remarqué combien elle est frivole et coquette ? Dites, qu’en pensez-vous ?

— Diable, mon cher ami, vous êtes impatient. Mlle Luce était à un bout de la table et j’étais relégué vers l’autre extrémité. Dans ces conditions, l’observation devait être vague, insignifiante. Je ne sais rien encore, rien, rien, rien.

— Oh ! comme vous devez rire de ma folie ?

— Sachez que si l’on rit des amants fous, des amantes folles, le rire n’est jamais chargé d’ironie, ni de raillerie ! Non. Le rire est bienveillant ; les naïvetés, les imprudences, les maladresses de ceux qui aiment sont pleines de charme. Vous êtes un enfant, l’abbé, un tout