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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/138

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VIERGES EN FLEUR

— Oh ! je vous en prie, désormais ne me parlez plus de ce prêtre. Il me serait odieux, si je croyais vraiment qu’il m’aime de la sorte.

— Pauvre abbé !

— C’est étrange ! Vous, le plaindre ; vous, ce soir, être son messager, me proposer la honte d’une aventure maudite ! Et vous êtes jaloux, disiez-vous. Ah ! j’en ris !

— Je craignais un rival ; je tremblais à penser que vous aviez donné votre cœur. Et par vos stratagèmes, je vous ai fait avouer — oh ! j’en suis bien heureux — que, ne vous étant pas accordée, l’espoir reste à qui veut vous conquérir.

— J’aime mieux ces nouvelles paroles. La volte-face me plaît. Mais j’en ris, comme vous en riez. Car la conquête, allez, n’a rien de bien tentant… Je suis une pauvre petite jeune fille de sa province, qui ne sait pas charmer…

— Vous êtes affolante ! Lorsqu’on est près de vous, on est soudain grisé, on est enveloppé, envoûté, ensorcelé. On a des frénésies, des révoltes, des rages. On voudrait se ruer sur vous, puis se rouler à vos pieds, et remonter lentement jusqu’à vos lèvres…

— Assez, je vous en prie… Mais c’est épouvantable ! Je ne suis qu’une enfant ; pourquoi dire ces choses ?…

— Je n’ai plus ma raison, je le sais. Oh ! par-