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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/140

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VIERGES EN FLEUR

mières tournantes des phares. Il attendait que se fit le silence et que mourussent enfin les derniers bruits des hôtes du couvent.

Lorsque tous dormiraient, il irait à la porte de Luce, — de Luce qui l’espérait peut-être.

Dans le noir de la nuit, les yeux de Philbert peu à peu découvraient les silhouettes de rochers semés sur les grèves et les landes. Leurs masses, semblait-il, se mouvaient lentement ; des bras se déployaient, des jambes s’agitaient.

Philbert eut le désir de se mêler à cette fantasmagorie, d’errer dans la ténèbre, de rôder, solitaire.

Alors il descendit, trouva les portes closes.

Il s’irrita :

— Ah ! sacrées nonnes ! Puisque vous me claustrez ici, je veux que ce couvent, cette nuit, soit un claque. À nous, Luce la vierge, à nous, Hortense Houdet, la bonne bourgeoise ! Je veux scandaliser cette pieuse maison par toutes les orgies !

Une veilleuse éclairait les couloirs de sa pâle lueur. Philbert éteignit la petite flamme et se dirigea vers la chambre de Luce.

Il entendit des pas qui glissaient sur les marches des escaliers.

Qui donc se promenait après le couvre-feu ?

Quelque nonne faisant une ronde, peut-être…