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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/16

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VIERGES EN FLEUR

— Les vierges, répondit le prêtre, oh ! c’est trop dangereux. On peut les admirer et se griser de leur odeur jusqu’à en perdre la raison. Mais c’est l’abominable supplice de Tantale qu’on renouvelle. La bouche peut se tendre, effleurer, s’entr’ouvrir. Mais il ne faut pas mordre aux pommes de ces Èves.

— Et pourquoi pas, monsieur ?… Ah ! l’enchanteur plaisir et la suprême fête : s’approcher doucement, ne pas effaroucher les petites pucelles, devenir peu à peu leur ami, éveiller leurs sens, troubler leurs faibles cœurs, leur faire désirer l’éden de la caresse, les attirer enfin, les jeter au baiser. Puis, cette œuvre accomplie, et le feu de l’amour versé jusqu’à leurs moelles, courir à d’autres chairs vierges pour les flamber encore. Faire une ample moisson de ces virginités. Quel sacerdoce, monsieur, et quel apostolat !

— Vous êtes un débauché pervers et monstrueux.

— Je suis l’ennemi des vierges. Je ne puis tolérer que des filles jolies et jeunes volent à l’amour les années de leur puberté ; par sot orgueil, par rébellion contre la nature et l’instinct, ou par préjugé stupide, se privent de la joie qui ferait deux heureux à la fois.

— Mais vous ne pensez pas au scandale ! Dans nos villes et nos campagnes, on est épié,