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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/197

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VIERGES EN FLEUR

c’est mal, c’est méchant. On n’insulte pas ainsi une jeune fille.

— Madame, mes paroles n’avaient rien d’outrageant. Si elles ont pu vous blesser aussi légèrement que ce soit, je veux sur-le-champ réparer mon offense. J’ai l’honneur de vous demander la main de mademoiselle Luce. Je vaux le Du Guiny : J’ai plus de trois millions.

— Vous êtes un vilain, répondit la jeune fille, et je ne vous veux pas.

Mais sa voix, son sourire éclatant parmi les larmes, reniaient son refus.

La tante déclara :

— Nous ne disons pas non, monsieur. Veuillez toutefois nous accorder quelques jours…

— Pour réfléchir… Soit… J’attendrai, mesdames, le verdict.

Philbert n’aimait plus Luce : sa tendresse avait été tuée en quelques instants, étranglée par le dégoût, par la désillusion, par la rage de s’être ainsi trompé en croyant qu’il était aimé ! Mais il la désirait toujours, cette vierge au corps souple et félin ; et maintenant il était résolu à la posséder, par toutes les ruses, par toutes les félonies. C’était la guerre, une guerre implacable et féroce qu’il lui déclarait. Son hostilité sauvage se réveillait ; il était désormais l’ennemi furieux et terrible de la vierge, désirant le car-