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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/201

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VIERGES EN FLEUR

J’en suis sûr, vous ferez une excellente épouse.

— Je vous aimerais bien.

— Alors, le choix est fait ?… Battu, le duc Guiny ?

— Je vous dirai cela demain, au défrichement.

Sous un soleil ardent, dont les feux embrasaient la mer et moiraient de coulées métalliques les vagues flamboyantes, la petite caravane des baigneurs de l’hôtel se mit en route vers la lande de Botherel. Philbert marchait en tête avec l’abbé Le Manach. On avançait péniblement dans les sables mouvants des grèves, parmi les herbes aiguës des dunes, où séchaient les goémons et les lichens récoltés par les femmes de la côte.

Luce traînait sa tante. La pauvre vieille dame soufflait, suait, geignait :

— Quelle idée folle, par une température du Sénégal, de courir ainsi, de se tuer, de souffrir ; et pour aller voir quoi, mon Dieu ! des paysans, de ces Bretons pouilleux et sales qu’on a rencontrés cent fois déjà dans les quartiers malpropres de Saint-Brieuc et de Lannion !

D’autres protestations se mêlèrent aux siennes. Une partie de la bande renonça à la fête et reprit le chemin de l’hôtel.