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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/203

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VIERGES EN FLEUR

celles. Un peu de sucre, de miel. Les amoureuses mûres me donnent la sensation d’un plat sucré. C’est doux, c’est reposant ; l’arome cependant ne manque pas de charme.

— Toute la gamme alors ; les viols, les adultères.

— Oh ! ne condamnez pas l’adultère, l’abbé. C’est la tranquillité et la paix des ménages. Voyez depuis deux jours, comme ces deux époux, qui passaient leurs journées à se chicaner, à se disputer, sont unis maintenant. Houdet a proclamé lui-même son bonheur.

— Le pauvre !

— Vous le plaignez ?

— Oui certes !

— Mais sa femme ? Gémissez-vous aussi sur son malheureux sort ?

— Ses yeux sont maintenant imprégnés d’allégresse. Ah ! vous avez raison peut-être ; le bonheur, ici-bas ne fleurit que dans le vice et la débauche…

— Deux bouches qui se lient, deux corps qui s’entrelacent, cela n’est pas le vice, l’abbé, mais c’est l’amour. Je n’ai jamais aimé ni Luce, ni Hortense ; ni l’une, ni l’autre ; c’est la Femme que j’aime, la Femme, la Maîtresse, l’Unique, l’Adorée, que je retrouve toujours, sous des formes diverses. C’est le monstre charmant, aux