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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/210

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VIERGES EN FLEUR

drait pas lever les jupes. Les Bretonnes, mon cher, c’est bon un soir de noce, quand on a la tête à l’envers, et qu’on n’y voit pas clair. Sur le bord d’une route ou sur un lit d’auberge, en deux temps, trois mouvements, on les culbute, et l’on s’en va. Du reste, c’est ainsi que les gars et les filles de Bretagne font l’amour.

— Et pourquoi faut-il donc agir brutalement, aimer comme des bêtes ?…

— C’est que les pauvres filles ont des coiffes très blanches, mais des jupes très noires et des chemises qui sentent la bouse, comme on dit par ici. Une femme qui est propre et a soin de son corps est traitée de putain par ses parents, par ses amies. Les curés de campagne proscrivent toute hygiène. Il faut laver son âme, mais avoir la chair sale. N’est-il pas vrai, l’abbé ?…

— Oh ! vous exagérez, mon bon monsieur Houdet, fit l’abbé Le Manach. Mais vous en conviendrez, j’espère, l’Église a raison en condamnant les raffinements et les luxes charnels. On ne peut allier la modestie d’une vierge chrétienne avec toutes ces pratiques des cabinets de toilette et des salles de bain, à la mode aujourd’hui, qui font perdre aux jeunes filles toute retenue et toute pudeur. Combien de femmes quotidiennement sont sauvées du péché parce que leur toilette intime est négligée ; que la tentation