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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/244

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VIERGES EN FLEUR

cotte en sucre, fais servir les apéritifs et les havanes…

En dégustant l’absinthe, tandis que la grosse dame saignait un poulet en l’honneur du convive, Oscar dit à Philbert :

— Fanoche est une brave créature. Originaire de la Bretagne, à vingt ans elle partait pour la grande ville, pensant y trouver fortune. Après des aventures banales, sans intérêt, elle tenait à trente ans une maison de rendez-vous galants. C’est là que je l’ai connue : grâce à son obligeance, j’avais le premier choix de son petit troupeau ; nous fûmes bientôt d’excellents amis, et peu à peu notre affection devint plus tendre, plus sérieuse. Quelques mois, nous fûmes de bons amants. Puis un jour Fanoche me confia ses projets. Elle avait quelques rentes. Son rêve était de se marier, puis de retourner au pays natal, et d’y vivre désormais en honnête rentière, plantant ses choux, soignant ses poules. J’étais vanné, fini et plus très riche : un beau matin, on se maria. Un prêtre, pour deux cents francs, nous promit la bénédiction du ciel. Et voilà mon roman. M. François Coppée pourrait le mettre en vers :

C’étaient deux bons bourgeois de Saint-Pol-de-Léon,
À les voir ont eût dit Baucis et Philémon.

Le dîner fut joyeux. Oscar et son épouse