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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/260

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VIERGES EN FLEUR

mer, parmi les jardinets des demeures voisines une femme apparut et Philbert frissonna.

Une lente et gracieuse silhouette marchait, dans le clair de lune, parmi des tiges fleuries de roses et de glaïeuls.

Elle ! Elle !…

Le fantôme de la reine Marie !

Le corps s’enveloppait d’une robe noire, une robe de forme surannée, qui tombait sans ceinture, mettait au tour du cou une large collerette noire, d’où la tête émergeait, très pâle sous l’or sombre de sa lourde chevelure.

Immobile, glacé par l’émotion, Philbert contemplait la vision, angoissé par la crainte de la voir disparaître, se fondre dans la nuit.

La mélodie chantait toujours ses airs dans le salon, et les baigneurs assis sur la terrasse mêlaient leurs babils.

La vision de la terrasse se mouvait lentement, dans les fleurs du jardin. Philbert put distinguer son visage ; il crut reconnaître l’image qui hantait son esprit, depuis son arrivée à Roscoff.

Ses yeux scintillaient, dans le soir, ainsi que deux étoiles.

Sous la longue robe noire, par instants, le corps se dessinait et révélait des lignes d’une beauté superbe.