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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/27

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VIERGES EN FLEUR

— Sait-on jamais ?

— Quelque dévote, une de ces mangeuses de prêtres, qui sont des hystériques et des neurasthéniques, et qu’on voit, ténébreuses dans l’ombre des églises, rôder près des piliers, tourner ainsi que des chauves-souris…

— Non, monsieur, une vierge…

— Elle l’est encore ?

— Encore… Oui…

— Soyez donc mon disciple. Hardi ! Ferme, assaillez…

— Non, mon amour est pur.

— On commence toujours ainsi.

— C’est une jeune fille honnête et que je ne voudrais pas entraîner dans les tristesses d’un amour charnel, d’un amour de prêtre qui ne lui donnerait que tristesse et désolation. Mais je l’aime ardemment ; elle connaît mon trouble, et souffre comme moi.

— C’est donc qu’elle vous aime !

— Elle le dit du moins.

— Pourquoi ne la croyez-vous pas ?

— Je crois qu’elle est sincère : mais son affection est-ce bien de l’amour ? Elle n’a que vingt ans : orpheline, elle est élevée par sa tante, une vieille fille candide et ignorante ; elle ne s’est jamais mêlée au monde qui corrompt et pervertit ; elle a l’âme aussi vierge que le corps,