— Tais-toi, méchante enfant, tu me glaces le sang.
— Ah ! vous n’êtes pas gaie, la demoiselle en noir, fit le pilote. Heureusement nous voici arrivés sans encombre. Pour regagner le port, nous aurons vent arrière.
— À quelle heure pourrons-nous repartir ? demanda Philbert.
— À votre idée. Toute la journée, des barques vont et viennent.
— Eh bien ! comme nous voulons visiter l’île et son phare, dit Mme Mercœur, venez, vers cinq heures, nous chercher.
— Convenu.
Philbert suivit les roches qui ourlent l’île de Batz, tandis que les trois dames, guidées par un enfant, montaient le sentier caillouteux vers les maisons.
Un décor pittoresque se déroulait. Des bords de l’île, séparés de la terre par une bande de mer qui a l’aspect d’un canal bleu, Philbert voyait les villas de Roscoff, réduites par la distance, semées en des touffes de verdure, ayant la féerie d’une cité lointaine de rêve et de légende, mais une cité morte, car son âme — Marie-Reine — venait de s’envoler.
Maintenant c’était l’île qui était tout le monde. Ce peu de terre, dressé sur l’Océan, se