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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/320

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VIERGES EN FLEUR

suite le joug de mes bavardages, que vous me confessez si sincèrement vos goûts de solitaire…

— La compagnie des femmes m’est toujours douce et agréable… Elles sont meilleures que les hommes ; nous ne les avons gâtées qu’à demi.

La nuit, Philbert descendit vers les roches, et bientôt Marie-Reine vint aussi. Elle était, comme toujours, vêtue d’une robe souple de deuil ; sur ses cheveux, un chapeau noir à larges bords, garni de larges plumes noires, lui donnait, dans le clair de lune, un aspect suranné de coquetterie royale. Elle s’accouda sur une rampe de fer, regarda dans la mer les paillettes d’argent qui sautillaient, dansaient, fluides, scintillantes.

Puis, doucement :

— Voyez-vous ces ducats, ces écus qui ruissellent ? On dirait un trésor mystérieux, des gemmes et des ors, qu’une invisible main fait jaillir sous ses doigts. Hier soir, seule ici, j’ai eu la tentation de les voir de plus près. Une barque était là, elle y est encore ; je suis descendue, j’ai levé l’ancre et j’ai manié les rames. J’ai cru un instant que le courant allait m’attirer vers la pleine mer. Et j’ai eu peur. Moi qui ne désire rien, que la mort, qui tant de fois l’ai appelée, hier je la redoutais… Je ne veux plus mourir.

Philbert s’effara :