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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/343

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VIERGES EN FLEUR

Maintenant Philbert, et Marie-Reine, se sentaient plus émus et frissonnaient.

C’était déjà le soir.

Le jeune homme se tenait devant la porte. Ses regards examinaient les ornements de fer, qui s’effaçaient dans l’ombre envahissante.

— Je connais le secret fit-il en tressaillant.

Brusquement, sans une hésitation, sa main toucha la porte, s’y fixa et poussa la lourde masse qui céda.

— C’est étrange, murmura Philbert, je reconnais cette maison. Et pourtant je n’y suis jamais entré. Un souvenir confus me reste dans l’esprit, comme une vision lointaine, une vision d’enfance que des années ont embrumée, sans pouvoir l’effacer. Cependant, je ne suis jamais venu dans cette île, avant ces mois d’automne… jamais !…

— Et moi, dit Marie, j’éprouve la même sensation. Elle est très nette. Dans cette obscurité qui emplit la demeure, je saurais me guider, sûrement, les yeux clos. Ah ! oui je me rappelle. Dans la salle voisine, ami, écoutez-moi, j’ai vu votre portrait. Il était près du mien…

— Mon portrait ! dit Philbert.

Devant la porte restée ouverte une femme passait.