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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/37

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VIERGES EN FLEUR

longtemps, nous avions la fortune enfin, mes sœurs et moi, nous irions au hasard dans les villes de joie, à Paris, à Trouville, à Aix, à Monaco ; et ma foi, si quelques beaux jeunes hommes nous tentaient, nous ne serions peut-être pas toujours rebelles à la tentation…

— Mademoiselle, j’implore le grand honneur de baiser très respectueusement votre petite main. Vous m’inspirez une sincère et grande admiration. Vous êtes une femme de race souveraine.

— Monsieur !

— Et je déplore encore qu’un pareil trésor de jeunesse, d’esprit et de beauté, demeure ainsi enfoui…

— Trois trésors, je vous prie ; vous oubliez mes sœurs.

— Permettez-moi de solliciter de votre bonne et récente camaraderie une grâce qui me serait précieuse : accordez-moi l’autorisation de visiter le vieux castel de Kerbiquet. Je suis un curieux ; les vieilles pierres évoquent en mon âme des sensations étranges et troublantes ; j’aime à rêvasser dans un décor de ruines, parmi les brousses et les lierres. J’admirerais surtout les magnifiques fleurs qui parent Kerbiquet…

— Ces miraculeuses roses-pleurantes qui tapissent la tour et laissent retomber leurs corolles