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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/90

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VIERGES EN FLEUR

— Mais nous n’hésitons pas, et nous sommes ravies !

— Eh bien ! l’affaire est faite, dit l’expert. Nous irons dès ce jour par-devant un notaire, contresigner la vente. Je laisserai des arrhes, cent mille francs, que j’ai sur moi, et je reviendrai très prochainement avec de bons ouvriers, pour enlever ces œuvres, et je vous verserai alors le complément. Merci, mon vieux Philbert ; nous reprendrons ensemble la route de Paris, ce soir…

— Une nuit, une nuit encore, je vous prie ! murmura Michelle, à voix basse et suppliante.

La journée se passa à Lannion, à régulariser la vente. Et Philbert retourna au manoir, avec les demoiselles.

À la fin du dîner, les trois sœurs liées encore en gerbe, il détacha Michelle.

Dans l’épanouissement radieux de ses trente-deux ans, Michelle possédait la chair délicieusement mûre et jeune d’une bacchante aux seins lourds, aux cuisses fortes, à la croupe abondante. Les torsades d’or roux de sa chevelure avaient les tons rouillés des vignes à l’octobre ; d’un geste nonchalant, elle les dénoua, et les cheveux formèrent un voile fauve sur la robe de soie. Puis ses mains brusquement libérèrent le corps des étoffes impies qui voilaient sa splendeur.