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Page:Emery - Vierges en fleur, 1902.djvu/92

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VIERGES EN FLEUR

— Pourquoi n’accours-tu pas dans mes bras ? dit Michelle.

Il répondit :

— Tu vois, je m’attriste, je pleure, en songeant, douce aimée, que ton corps merveilleux n’a pas encore fleuri dans l’extase suprême. Oui, c’est un sacrilège odieux, que tes beaux seins n’aient pas, d’innombrables nuits, enchanté le baiser des amants enchantés ; que, depuis tes seize ans, tant d’années soient perdues !…

— Je ne regrette rien, puisque je t’offre, à toi, le premier, ces fruits où va mordre ta bouche !

Cette nuit-là, Philbert se crut dans un olympe : Michelle était déesse et l’immortalisait. Des baisers surhumains unissaient leur tendresse ; et les enlacements inouïs s’éternisaient.

Lorsque l’aube parut, Michelle se leva et couvrant sa chair frémissante d’un long manteau de soie :

— Viens, dit-elle, aimons-nous encore dans la gloire du soleil qui se lève ; aimons-nous dans ses rayons !

Et Philbert la suivit, hors du château, se laissa conduire dans les ruines jusqu’à la tour vêtue des pâles roses pleurantes.

Les mains de la bacchante alors cueillirent des fleurs, tressèrent des couronnes. Elle para le