Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/425

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celui qui ferait une recherche ne fût jamais dérouté. Ce tableau que je viens de relire est excellent ; et s’il m’avait été possible, c’est ma plainte perpétuelle, de l’avoir de bonne heure sous les yeux, il m’eût épargné la perte de bien des heures, et aussi quelques angoisses. Mais, loin d’être, un antécédent, il fut un conséquent ; et je ne l’obtins ainsi clair et déterminé qu’au prix de maint essai avorté et de maintes fausses routes. Celui qui considère mes quatre volumes, leurs milliers de pages et leurs trois colonnes, estime certainement que beaucoup de temps a été employé à tout cela ; mais ce dont il ne se doute pas, c’est combien de temps, dont il ne reste aucune trace, a été enfoui en recherches vaines et sans résultat, en retours sur les pas faits, en remaniements et en reprises.

Moins préparé que je ne croyais l’être, mais pourtant préparé assez pour ne pas m’égarer, je commençai la rédaction et la menai à terme. Ce fut long, et j’y employai non des mois, mais des années. Il en résulta une œuvre non petite qui, dans mon inexpérience de moi-même et de mes conditions mentales, me sembla définitive. Je ne savais pas alors aussi bien que je le sais maintenant, qu’avec moi le définitif ne s’obtient pas si facilement. Combien ma satisfaction prématurée devait être châtiée et combien j’étais encore loin du terme que je croyais avoir atteint ! Cette masse de papier allait être doublée, triplée, peut-être quadruplée je n’ai pas tenu un compte exact, mais le fait est que cette première rédaction disparut comme un embryon dans la seconde.

Mon désillusionnement s’opéra quand il fallut enfin donner de la copie (c’est le mot technique) à