Page:Emile Souvestre - Le Journaliste - Tome 1 - Charpentier 1839.djvu/184

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batteries, ni boire avec des camarades sous les tilleuls du cabaret. Farouche et timide, Rivière fuyait toutes les assemblées ; on racontait même de lui, aux veillées, mille choses étranges. Gabriel Retout, se reposant un jour sous des pommiers, avait entendu dans le chemin deux voix d’hommes en fureur, qui se menaçaient ; plein d’épouvante, il s’était levé, et ayant regardé à travers la haie, il avait aperçu Pierre Rivière qui marchait tranquillement en injuriant un ennemi invisible. Une autre fois, Marguerite Colleville l’avait vu, vers la brune, passer en courant, devant sa porte, comme s’il eût été poursuivi, et criant d’une voix étouffée : « Le diable ! le diable ! » Une voisine racontait, de son côté, qu’un matin, Pierre s’étant échappé de chez lui, était demeuré plusieurs jours caché au fond d’une carrière ; que, lorsqu’il était revenu, son teint