Page:Emile Souvestre - Le Journaliste - Tome 1 - Charpentier 1839.djvu/188

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contrait un ravin, il forçait les chevaux à le franchir, et si l’on essayait de l’arrêter en lui démontrant l’extravagance de son essai : « Ils passeront, répondait-il avec un calme inflexible ; j’ai dit que je voulais ; » et la lutte de sa volonté contre l’obstacle continuait jusqu’à ce que l’obstacle fût surmonté.

Ce dédain pour l’impossible et l’oubli des lois de la nature se révélaient en toute occasion chez Rivière ; nul ne faisait plus facilement que lui abstraction de l’univers palpable ; à tel point que, par moments, on eût dit qu’il perdait le sentiment de son être physique. Il montait sur les arbres pour regarder le ciel, puis tout à coup, l’idée lui venant de redescendre, il oubliait la distance qui le séparait de la terre, enjambait le vide et tombait de vingt pieds de haut. Il entendait des voix qui l'épou-