Page:Emile Souvestre - Le Journaliste - Tome 1 - Charpentier 1839.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sidérables au nom de son mari, qui fut forcé de les payer ; par suite, les affaires de la famille se dérangèrent, et Margrin comprit que la misère menaçait ses enfants. À cette pensée, tout son courage l’abandonna ; il annonça qu’il en voulait finir avec la vie. Il n’eut pas le temps d’accomplir son projet.

Oublié comme un idiot au coin de l'âtre où il se tenait habituellement accroupi, Pierre étudiait depuis longtemps, avec une sombre attention, les scènes de ce drame de famille. Là, sa haine contre sa mère s’accroissait chaque jour des douleurs endurées par son père, qu’il aimait profondément. La solitude avait déjà vicié la raison de Rivière. Les dissensions domestiques passèrent sur son cœur comme un souffle brûlant, et y desséchèrent toutes les sources de tendresse et de pitié. Son imagination s’enfiévra ; des rêves monstrueux la traversèrent ; ses désirs