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Page:Emile Zola, Mes haines - Mon salon - Edouard Manet, Ed. Charpentier, 1893.djvu/198

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Pour plus de clarté, je diviserai en deux catégories les onze volumes qu’Erckmann-Chatrian a déjà produits : les contes proprement dits et les récits historiques.


II


Il y a, dans l’œuvre, jusqu’à trois volumes de contes fantastiques : les Contes fantastiques, les Contes des bords du Rhin et les Contes de la Montagne. C’est là, selon moi, la partie faible. La qualité la plus saillante que l’auteur y ait déployée est cette précision de détails dont j’ai parlé, qui ne permet pas au lecteur de fixer le point juste où la veille cesse, où le rêve commence. Mais ces récits ne valent ni ceux d’Edgard Poë, ni même ceux d’Hoffmann, les maîtres du genre. Le conteur américain a, dans l’hallucination et le prodige, une logique et une déduction mathématique autrement puissantes ; le conteur allemand a plus de verve, plus de caprice, des créations plus originales. En somme, les contes d’Erckmann-Chatrian sont des légendes délicatement travaillées, dont le principal mérite est une couleur locale très réussie, mais fatigante à la longue. On dirait de ces estampes au dessin archaïque, enluminées naïvement, un peu effacées par le temps. Sans doute il y a des inventions