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AU BONHEUR DES DAMES.

blanche devenue sacrée, baignée de nuit, et dont le moindre envolement, l’éclair rose du genou aperçu au fond des blancheurs, ravageait le monde. Puis, il y avait encore une salle, les layettes, où le blanc voluptueux de la femme aboutissait au blanc candide de l’enfant : une innocence, une joie, l’amante qui se réveille mère, des brassières en piqué pelucheux, des béguins en flanelle, des chemises et des bonnets grands comme des joujoux, et des robes de baptême, et des pelisses de cachemire, le duvet blanc de la naissance, pareil à une pluie fine de plumes blanches.

— Tu sais, ce sont des chemises à coulisse, dit Jean, que ce déshabillé, cette crue de chiffons où il enfonçait, ravissait d’aise.

Aux trousseaux, Pauline accourut tout de suite, quand elle aperçut Denise. Et, avant même de savoir ce que celle-ci désirait, elle lui parla bas, très émue des bruits dont causait le magasin entier. À son rayon, deux vendeuses s’étaient même querellées, l’une affirmant, l’autre niant le départ.

— Vous nous restez, j’ai parié ma tête… Que deviendrais-je, moi ?

Et, comme Denise répondait qu’elle partait le lendemain :

– Non, non, vous croyez ça, mais je sais le contraire… Dame ! à présent que j’ai un bébé, il faut bien que vous me nommiez seconde. Baugé y compte, ma chère.

Pauline souriait d’un air convaincu. Ensuite, elle donna les six chemises ; et, Jean ayant dit qu’ils allaient maintenant aux mouchoirs, elle appela aussi une auxiliaire, pour porter ces chemises et le paletot laissé par l’auxiliaire des confections. La fille qui se présenta était mademoiselle de Fontenailles, mariée récemment à Joseph. Elle venait d’obtenir par faveur