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LES ROUGON-MACQUART.

les mules de soie blanche garnies de cygne, les souliers et les bottines de satin blanc montés, sur de grands talons Louis XV.

— Oh ! ma chère, bégayait-elle, vous ne vous doutez pas ! Ils ont un assortiment de capotes extraordinaire. J’en ai choisi une pour moi et une pour ma fille… Et les chaussures, hein ? Valentine.

— C’est inouï ! ajoutait la jeune fille, avec sa hardiesse de femme. Il y a des bottes à vingt francs cinquante, ah ! des bottes !

Un vendeur les suivait, traînant l’éternelle chaise, où s’entassait déjà tout un amoncellement d’articles.

— Comment va monsieur Marty ? demanda madame Desforges.

— Pas mal, je crois, répondit madame Marty, effarée par cette brusque question, qui tombait méchamment dans sa fièvre dépensière. Il est toujours là-bas, mon oncle a dû aller le voir ce matin…

Mais elle s’interrompit, elle eut une exclamation d’extase.

— Voyez donc, est-ce adorable !

Ces dames, qui avaient fait quelques pas, se trouvaient devant le nouveau rayon des fleurs et plumes, installé dans la galerie centrale, entre la soierie et la ganterie. C’était, sous la lumière vive du vitrage, une floraison énorme, une gerbe blanche, haute et large comme un chêne. Des piquets de fleurs garnissaient le bas, des violettes, des muguets, des jacinthes, des marguerites, toutes les blancheurs délicates des plates-bandes. Puis, des bouquets montaient, des roses blanches, attendries d’une pointe de chair, de grosses pivoines blanches, à peine teintées de carmin, des chrysanthèmes blanches, en fusées légères, étoilées de jaune. Et les fleurs montaient toujours, de grands lis mystiques, des branches de pommier printanières, des bottes