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IV


Six semaines plus tard, Claude peignait un matin dans un flot de soleil qui tombait par la baie vitrée de l’atelier. Des pluies continues avaient attristé le milieu d’août, et le courage au travail lui revenait avec le ciel bleu. Son grand tableau n’avançait guère, il s’y appliquait pendant de longues matinées silencieuses, en artiste combattu et obstiné.

On frappa. Il crut que c’était madame Joseph, la concierge, qui lui montait son déjeuner ; et, comme la clef restait toujours sur la porte, il cria simplement :

— Entrez !  

La porte s’était ouverte, il y eut un remuement léger, puis tout cessa. Lui, continuait de peindre, sans même tourner la tête. Mais ce silence frissonnant, une vague haleine qui palpitait, finirent par l’inquiéter. Il regarda, il demeura stupéfait : une femme était là, vêtue d’une robe claire, le visage à demi caché sous une voilette blanche ; et il ne la connaissait point, et elle tenait une botte de roses, qui achevait de l’ahurir.

Tout d’un coup, il la reconnut.