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Page:Emile Zola - L’Œuvre.djvu/37

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L’ŒUVRE.

Rhadamante qui n’avait jamais ri, la Crasse qui teignait les chaires en noir, du continuel frottement de sa tête, Tu-m’as-trompé-Adèle, le maître de physique, un cocu légendaire, auquel dix générations de galopins jetaient le nom de sa femme, jadis surprise, disait-on, entre les bras d’un carabinier ; d’autres, d’autres encore, Spontini, le pion féroce, avec son couteau corse qu’il montrait rouillé du sang de trois cousins, le petit Chantecaille, si bon enfant, qu’il laissait fumer en promenade ; jusqu’à un marmiton de la cuisine et à la laveuse d’assiettes, deux monstres, qu’on avait surnommés Paraboulomenos et Paralleluca, et qu’on accusait d’une idylle dans les épluchures.

Ensuite arrivaient les farces, les soudaines évocations des bonnes blagues, dont on se tordait après des années. Oh ! le matin où l’on avait brûlé dans le poêle les souliers de Mimi-la-Mort, autrement dit le Squelette-Externe, un maigre garçon qui apportait en contrebande le tabac à priser de toute la classe ! Et le soir d’hiver où l’on était allé voler des allumettes à la chapelle, près de la veilleuse, pour fumer des feuilles sèches de marronnier dans des pipes de roseau ! Sandoz, qui avait fait le coup, avouait maintenant son épouvante, sa sueur froide, en dégringolant du chœur, noyé de ténèbres. Et le jour où Claude, au fond de son pupitre, avait eu la belle idée de griller des hannetons, pour voir si c’était bon à manger, comme on le disait ! Une puanteur si âcre, une fumée si épaisse s’était échappée du pupitre, que le pion avait saisi la cruche, croyant à un incendie. Et la maraude, le pillage des champs d’oignons en promenade ; les pierres jetées dans les vitres, où le grand chic était d’obtenir, avec les cassures, des cartes de