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Page:Emile Zola - L’Œuvre.djvu/404

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LES ROUGON-MACQUART.

louses tendres que découpait le sable jaune des allées, les toilettes riches aux vifs réveils de satin et de perles, les voix elles-mêmes, dont le grand murmure nerveux et rieur sembla pétiller comme une claire flambée de sarments. Des jardiniers, en train d’achever la plantation des corbeilles, tournaient les robinets des bouches d’arrosage, promenaient des arrosoirs dont la pluie s’exhalait des gazons trempés, en une fumée tiède. Un moineau très hardi, descendu des charpentes de fer, malgré le monde, piquait le sable devant le buffet, mangeant les miettes de pain qu’une jeune femme s’amusait à lui jeter.

Alors, Claude, de tout ce tumulte, n’entendit au loin que le bruit de mer, le grondement du public roulant en haut, dans les salles. Et un souvenir lui revint, il se rappela ce bruit, qui avait soufflé en ouragan devant son tableau. Mais, à cette heure, on ne riait plus : c’était Fagerolles, là-haut, que l’haleine géante de Paris acclamait.

Justement, Sandoz, qui se retournait, dit à Claude :

— Tiens, Fagerolles !

En effet, Fagerolles et Jory, sans les voir, venaient de s’emparer d’une table voisine. Le dernier continuait une conversation de sa grosse voix.

— Oui, j’ai vu son enfant crevé. Ah ! le pauvre bougre, quelle fin !

Fagerolles lui donna un coup de coude ; et, tout de suite, l’autre, ayant aperçu les deux camarades, ajouta :

— Ah ! ce vieux Claude !… Comment va, hein ?… Tu sais que je n’ai pas encore vu ton tableau. Mais on m’a dit que c’était superbe.

— Superbe ! appuya Fagerolles.

Ensuite, il s’étonna.