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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/111

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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

prenant le parti de sa mère. Au dessert, Rose vint dire, tout effarée, que M. Delangre était là, et qu’il demandait à parler à madame.

— Ah ! tu es aussi avec les autorités ? ricana Mouret de son air goguenard.

Marthe alla recevoir le maire au salon. Celui-ci, très-aimable, presque galant, lui dit qu’il n’avait pas voulu attendre le lendemain pour la féliciter de son idée généreuse. Madame Delangre était un peu timide ; elle avait eu tort de ne pas accepter sur-le-champ, et il venait répondre en son nom qu’elle serait très-flattée de faire partie du comité des dames patronnesses de l’œuvre de la Vierge. Quant à lui, il entendait contribuer le plus possible à la réussite d’un projet si utile, si moral.

Marthe le reconduisit jusqu’à la porte de la rue. Là, pendant que Rose levait la lampe pour éclairer le trottoir, le maire ajouta :

— Dites à monsieur l’abbé Faujas que je serais très-heureux de causer avec lui, s’il voulait prendre la peine de passer chez moi. Puisqu’il a vu un établissement de ce genre à Besançon, il pourrait me donner des renseignements précieux. Je veux que la ville paie au moins le local. Au revoir, chère dame ; tous mes compliments à monsieur Mouret, que je ne veux pas déranger.

À huit heures, quand l’abbé Faujas descendit avec sa mère, Mouret se contenta de lui dire en riant :

— Vous m’avez donc pris ma femme, aujourd’hui ? Ne me la gâtez pas trop au moins, n’en faites pas une sainte.

Puis, il s’enfonça dans les cartes ; il avait à prendre sur madame Faujas une terrible revanche, grossie par trois jours de perte. Marthe fut libre de raconter ses démarches au prêtre. Elle avait une joie d’enfant, encore toute vibrante de cette après-midi passée hors de chez elle. L’abbé lui fit répéter certains détails ; il promit d’aller chez M. De-