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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/12

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LES ROUGON-MACQUART.

entrait par la porte du jardin, sa soutane râpée semblait toute rouge ; des reprises en brodaient les bords ; elle était très-propre, mais si mince, si lamentable, que Marthe, restée assise jusque-là avec une sorte de réserve inquiète, se leva à son tour. L’abbé, qui n’avait jeté sur elle qu’un coup d’œil rapide, aussitôt détourné, la vit quitter sa chaise, bien qu’il ne parût nullement la regarder.

— Je vous en prie, répéta-t-il, ne vous dérangez pas ; nous serions désolés de troubler votre dîner.

— Eh bien ! c’est cela, dit Mouret, qui avait faim. Rose va vous conduire. Demandez-lui tout ce dont vous aurez besoin… Installez-vous, installez-vous à votre aise.

L’abbé Faujas, après avoir salué, se dirigeait déjà vers l’escalier, lorsque Marthe s’approcha de son mari, en murmurant :

— Mais, mon ami, tu ne songes pas…

— Quoi donc ? demanda-t-il, voyant qu’elle hésitait.

— Les fruits, tu sais bien.

— Ah ! diantre ! c’est vrai, il y a les fruits, dit-il d’un ton consterné.

Et, comme l’abbé Faujas revenait, l’interrogeant du regard :

— Je suis vraiment bien contrarié, monsieur, reprit-il. Le père Bourrette est sûrement un digne homme, seulement il est fâcheux que vous l’ayez chargé de votre affaire… Il n’a pas pour deux liards de tête… Si nous avions su, nous aurions tout préparé. Au lieu que nous voilà maintenant avec un déménagement à faire… Vous comprenez, nous utilisions les chambres. Il y a là-haut, sur le plancher, toute notre récolte de fruits, des figues, des pommes, du raisin…

Le prêtre l’écoutait avec une surprise que sa grande politesse ne réussissait plus à cacher.