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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/122

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LES ROUGON-MACQUART.

— Si vous voulez, je parlerai à Marthe. Seulement, cela pourrait la blesser. Ces sortes de choses doivent rester entre mari et femme… Je ne suis pas inquiète : vous saurez bien retrouver cette paix dont vous étiez si fier.

Mouret hochait la tête, les yeux à terre. Il reprit :

— Non, non, je me connais ; je crie, mais ça n’avance à rien. Je suis faible comme un enfant, au fond… On a tort de croire que j’ai toujours conduit ma femme à la baguette. Si elle a souvent fait ce que j’ai voulu, c’était parce qu’elle s’en moquait, que cela lui était indifférent de faire une chose ou une autre. Avec son air doux, elle est très-entêtée… Enfin je tâcherai de la bien prendre.

Puis, relevant la tête :

— J’aurais mieux fait de ne pas vous raconter tout ça ; n’en parlez à personne, n’est-ce pas ?

Le lendemain, Marthe étant allée voir sa mère, celle-ci prit un air pincé, en lui disant :

— Tu as tort, ma fille, de te mal conduire à l’égard de ton mari… Je l’ai vu hier, il est exaspéré. Je sais bien qu’il a beaucoup de ridicules, mais ce n’est pas une raison pour délaisser ton ménage.

Marthe regarda fixement sa mère.

— Ah ! il se plaint de moi, dit-elle d’une voix brève. Il devrait se taire au moins ; moi, je ne me plains pas de lui.

Et elle parla d’autre chose ; mais madame Rougon la ramena à son mari, en lui demandant des nouvelles de l’abbé Faujas.

— Dis-moi, peut-être que Mouret ne l’aime guère, l’abbé, et qu’il te boude à cause de lui ?

Marthe resta toute surprise.

— Quelle idée ! murmura-t-elle. Pourquoi voulez-vous que mon mari n’aime pas l’abbé Faujas ? Du moins, il ne m’a jamais rien dit qui puisse me faire supposer cela. Il ne vous