blicains. Aussi se montrait-il de plus en plus sarcastique contre le marquis de Lagrifoul, dont il relevait scrupuleusement les moindres bévues à la Chambre. M. Delangre, qui ne venait que de loin en loin, en alléguant les soucis de son administration municipale, souriait finement, à chaque nouvelle moquerie de l’ancien préfet.
— Vous n’avez plus qu’à enterrer le marquis, monsieur le curé, dit-il un jour à l’oreille de l’abbé Faujas.
Madame de Condamin, qui l’entendit, tourna la tête, posant un doigt sur ses lèvres avec une moue d’une malice exquise.
L’abbé Faujas, maintenant, laissait parler politique devant lui. Il donnait même parfois un avis, était pour l’union des esprits honnêtes et religieux. Alors, tous renchérissaient, M. Péqueur des Saulaies, M. Rastoil, M. de Bourdeu, jusqu’à M. Maffre. Il devait être si facile de s’entendre entre gens de bien, de travailler en commun à la consolidation des grands principes, sans lesquels aucune société ne saurait exister ! Et la conversation tournait sur la propriété, sur la famille, sur la religion. Parfois le nom de Mouret revenait, et M. de Condamin murmurait :
— Je ne laisse venir ma femme ici qu’en tremblant. J’ai peur, que voulez-vous !… Vous verrez de drôles de choses, aux élections, s’il est encore libre !
Cependant, tous les matins, Trouche tâchait d’effrayer l’abbé Faujas, dans l’entretien qu’il avait régulièrement avec lui. Il lui donnait les nouvelles les plus alarmantes : les ouvriers du vieux quartier s’occupaient beaucoup trop de la maison Mouret ; ils parlaient de voir le bonhomme, de juger son état, de prendre son avis.
Le prêtre, d’ordinaire, haussait les épaules. Mais, un jour, Trouche sortit de chez lui, l’air enchanté. Il vint embrasser Olympe en s’écriant :
— Cette fois, ma fille, c’est fait.