devient frais. » Et elle a repris son seau, elle est remontée…
— Tenez, vous n’êtes qu’une bête ! Cette vieille-là en vendrait dix de votre espèce. Ah bien ! ils doivent rire, maintenant qu’ils savent sur nous tout ce qu’ils voulaient savoir… Entendez-vous Rose, vous n’êtes qu’une bête !
La vieille cuisinière n’était pas patiente ; elle se mit à marcher violemment, bousculant les poêlons et les casseroles, roulant et jetant les torchons.
— Vous savez, monsieur, bégayait-elle, si c’est pour me dire des gros mots que vous êtes venu dans ma cuisine, ce n’était pas la peine. Vous pouvez vous en aller… Moi, ce que j’en ai fait, c’était uniquement pour vous contenter. Madame nous trouverait là ensemble, à faire ce que nous faisons, qu’elle me gronderait, et elle aurait raison, parce que ce n’est pas bien… Après tout, je ne pouvais pas lui arracher les paroles des lèvres, à cette dame. Je m’y suis prise comme tout le monde s’y prend. J’ai causé, j’ai dit vos affaires. Tant pis pour vous, si elle n’a pas dit les siennes. Allez les lui demander, du moment où ça vous tient tant au cœur. Peut-être que vous ne serez pas si bête que moi, monsieur…
Elle avait élevé la voix. Mouret crut prudent de s’échapper, en refermant la porte de la cuisine, pour que sa femme n’entendît pas. Mais Rose rouvrit la porte derrière son dos, lui criant, dans le vestibule :
— Vous savez, je ne m’occupe plus de rien ; vous chargerez qui vous voudrez de vos vilaines commissions.
Mouret était battu. Il garda quelque aigreur de sa défaite. Par rancune, il se plut à dire que ces gens du second étaient des gens très-insignifiants. Peu à peu, il répandit parmi ses connaissances une opinion qui devint celle de toute la ville. L’abbé Faujas fut regardé comme un prêtre sans moyens, sans ambition aucune, tout à fait en dehors des