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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/372

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XXII


Dans le cabanon des Tulettes, il faisait nuit noire. Un souffle glacial tira Mouret de la stupeur cataleptique où l’avait jeté la crise de la soirée. Accroupi contre le mur, il resta un moment immobile, les yeux ouverts, roulant doucement la tête sur le froid de la pierre, geignant comme un enfant qui s’éveille. Mais il avait les jambes coupées par un courant d’air si humide, qu’il se leva et regarda. En face de lui, il aperçut la porte du cabanon grande ouverte.

— Elle a laissé la porte ouverte, dit le fou à voix haute ; elle doit m’attendre, il faut que je parte.

Il sortit, revint en tâtant ses vêtements, de l’air minutieux d’un homme rangé qui craint d’oublier quelque chose ; puis, il referma la porte, soigneusement. Il traversa la première cour, de son petit pas tranquille de bourgeois flâneur. Comme il entrait dans la seconde, il vit un gardien qui semblait guetter. Il s’arrêta, se consulta un moment. Mais, le gardien ayant disparu, il se trouva à l’autre bout de la cour, devant une nouvelle porte ouverte donnant sur la