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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/398

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LES ROUGON-MACQUART.

reprit-elle. Je ne dormais pas, je me suis levée, en voyant une grande lumière… Monsieur Mouret dansait au milieu du feu.

Le sous-préfet se prononça.

— Parfaitement, mademoiselle a raison… Je reconnais ce malheureux, maintenant. Il était si effrayant, que je restais perplexe, bien que sa figure ne me fût pas inconnue… Je vous demande pardon, ceci est très-grave ; il faut que j’aille donner quelques ordres.

Il s’en alla de nouveau, pendant que la société commentait cette aventure terrible, un propriétaire brûlant ses locataires. M. de Bourdeu s’emporta contre les maisons d’aliénés ; la surveillance y était faite d’une façon tout à fait insuffisante. À la vérité, M. de Bourdeu tremblait de voir flamber dans l’incendie la préfecture que l’abbé Faujas lui avait promise.

— Les fous sont pleins de rancune, dit simplement M. de Condamin.

Ce mot embarrassa tout le monde. La conversation tomba net. Les dames eurent de légers frissons, tandis que ces messieurs échangeaient des regards singuliers. La maison en flammes devenait beaucoup plus intéressante, depuis que la société connaissait la main qui avait mis le feu. Les yeux, clignant d’une terreur délicieuse, se fixaient sur le brasier, avec le rêve du drame qui avait dû se passer là.

— Si le papa Mouret est là-dedans, ça fait cinq, dit encore M. de Condamin, que les dames firent taire, en l’accusant d’être un homme atroce.

Depuis le commencement de l’incendie, les Paloque, accoudés à la fenêtre de leur salle à manger, regardaient. Ils étaient juste au-dessus du salon improvisé sur le trottoir. La femme du juge finit par descendre pour offrir gracieusement l’hospitalité aux dames Rastoil, ainsi qu’aux personnes qui les entouraient.